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Depuis avril 2018, la sécurité est précaire, dans le territoire d’Uvira. L’explosion d’un conflit armé dans le groupement de Bijombo y a suscité d’indésirables alliances militaires.

Infiltrations récurrentes dans la plaine de la Ruzizi

Au début du mois d’octobre  2018, la population de Kabunambo, près de Sange-centre, avait  signalé le passage, dans ce village, de troupes étrangères bien armées. Ces éléments armés étrangers provenaient  du côté du Burundi, et se dirigeaient vers les Moyens et Hauts-Plateaux surplombant la cité de Sange. Selon des rapports provenant de la part d’habitants du milieu, il s’agirait de troupes du Fnl (Front national pour la libération  du Burundi). Dans la nuit du 19 octobre, la population du quartier Kyanyunda, dans la même cité de Sange, a témoigné avoir observé des mouvements  d’hommes lourdement armés  venant du Burundi. Le passage  de ces groupes d’hommes armés a aussi été confirmé par des habitants de Sange-centre. D’ailleurs, selon des sources dignes de foi, ces groupes en armes, suspectés de faire partie du Fnl, seraient passés nuitamment par les bureaux de la cité de Sange. N’ayant trouvé personne, comme c’était tard la nuit,  ils y auraient jeté une lettre, dans  laquelle ils signaleraient se diriger  vers les Moyen-Plateaux. Selon diverses sources locales,  dans la nuit du 30 au 31 octobre  ensuite, aux environs de 4 heures  du matin, des Imbonerakure, en  coalition avec des éléments des Forces de défense nationale du Burundi (Fdn), auraient, eux aussi,  clandestinement traversé les frontières  avec la Rd Congo en passant par Sange. Estimés être à environ  deux cents hommes, ces éléments  étaient, eux aussi, lourdement armés. Ces mouvements se poursuivent  en novembre. Cette fois-ci, c’est au  tour de la population du quartier  Kinanira, non loin de la paroisse de Sange, de signaler de nouvelles infiltrations. Des habitants de  cette agglomération déclarent en effet avoir à nouveau aperçu des  colonnes d’hommes lourdement  armés aux allures d’infiltrés. Cela  aurait eu lieu dans la nuit du 10 au 11 novembre, aux environs de deux heures du matin. Leur destination demeure, à ce jour, inconnue. Pour rappel, Sange est une cité située à 45 kilomètres au nord d’Uvira.

Affrontements entre factions étrangères à Kigoma

En groupement de Kigoma, zone de santé de Lemera (territoire d’Uvira), de violents affrontements ont également opposé, du 2 au 4 novembre 2018, des factions rebelles burundaises, impliquant aussi des groupes Maï-Maï. En effet, deux factions armées étrangères (des  membres du Fnl et des Imbonerakure) se sont affrontées au marché  de Nalugi, entre les localités de Kahololo et de Mashuba (Moyens et Hauts-Plateaux d’Uvira), en groupement de Kigoma, territoire d’Uvira. Ils se sont étendu les 3 et 4 novembre dans les contrées de  Kivyusa et de Giti (en groupement de Kigoma), à plus au moins 5 km de Katobo-centre. Ces affrontements sont consécutifs à la traversée, depuis le 19 octobre, d’éléments du Fnl en provenance du Burundi, en direction des Moyens-Plateaux d’Uvira. Le  31 octobre, il avait déjà été observé  une traversée d’une faction des  Imbonerakure, proche de l’armée  burundaise, pour traquer les Fnl, perçus comme une menace directe contre le Burundi. Les Fdn auraient, quant à elles, fait un repli vers le village de Rukobero (dans les hauteurs de Sange), en groupement de Kigoma, à moins de 25 km de la cité de Sange, après  avoir été repoussées par le Fnl dans  le village de Giti, à l’ouest du territoire d’Uvira. Le Fnl aurait ensuite érigé un bastion dans la localité de Butumba, en groupement de Kigoma, dans les hauteurs de Sange, à deux heures de marche de la cité de Sange. Parmi les Imbonerakure, on a identifié quelques jeunes Congolais, recrutés comme des pisteurs (qui maîtrisent bien la zone) pour faciliter aux Fdn une meilleure traque du Fnl. En dépit de la séparation des camps, le Fnl demeurerait en jumelage  avec les Fdn. C’est une intervention musclée des Fardc, qui a permis de départager les deux groupes, chacun ayant pris le large. Cependant, l’effectif réduit des Fardc laisse perdurer la crise dans la zone.

Un prolongement du conflit armé de Bijombo ?

On peut noter en passant qu’en groupement de Bijombo, le conflit intercommunautaire qui oppose la communauté Banyamulenge à celles des Bafuliru, des Babembe et des Banyindu a tendance à se transformer en un conflit armé sous-régional. Les alliances et autres appuis entre les groupes armés nationaux et étrangers se multiplient, dans la zone. Les Imbonerakure, proches de l’armée régulière  burundaise, viendraient en renfort aux unités issues du même groupe qui s’étaient déjà positionnées depuis mai 2018 dans les localités de Muranvya et ses environs, en groupement de Bijombo. En effet, les milices Banyamulenge, appuyées par le Rnc (Rwandan’s national congress) de l’opposant rwandais Kayumba Nyamwasa, auraient conclu des alliances avec les Imbonerakure (milice soutenue  par le régime burundais). Ces milices seraient localisées dans la forêt de Bijabo, en groupement Balala Nord, secteur de Tanganyika, en Territoire de Fizi. Par contre, la partie adverse, incluant des Maï-Maï issus des communautés Bafuliru, Banyindu et Babembe, bénéficierait du soutien du Fnl (Front national pour la libération du Burundi), qui serait soutenu par le pouvoir de Kigali.

 

La Rédaction

 

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