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L’île d’Idjwi est sur la sellette depuis une certaine période dans la province du Sud-Kivu. Contrairement aux autres territoires de la province du Sud-Kivu qui se sont contentés de suivre les cérémonies funéraires de Solange Lusiku sur les chaînes de radios et télévisions
captées dans leurs contrées respectives, le territoire d’Idjwi a impacté particulièrement cette dure épreuve, et un événement
pour la région.
Elle a organisé une journée spéciale dédiée à l’éditrice directrice du journal le Souverain Libre. Deux filles, encore mineures, avec le portrait de Solange Lusiku en main, voudraient visiblement revoir cette femme d’exception qui leur est passée à la figure comme un météore
et disparaître dans l’espace. Et toujours collées l’une à l’autre, elles avaient le regard dans le vide devant la foule invitée pour rendre des hommages particuliers, trois mois après la disparition de celle qu’on appelait affectueusement «Mère Sol». Elle était, pour elles, non seulement un modèle, mais aussi et surtout une idole qu’elles voudraient à tous points imiter. Elles sont militantes de la Lucha (Lire,
à ce sujet, l’article reprenant l’entretien entre Anne et Darius avec ces deux filles déterminées à changer le cours de l’histoire de la Rd Congo). «Le Souverain Libre» voudrait voir ce «Solangettes», qui n’ont pas dit leur dernier mot, continuer par écrit la lutte de leur inspiratrice, comme elles le font déjà en action.
Le rêve de Solange Lusiku a été de voir des filles de cet âge être initiées au combat de la dignité de la femme et de la démocratie à travers les médias. Et ces deux là s’y prêtent à merveille…mais ce combat, comme le voulait Solange, passe par une belle plume!

Une des belles plumes que «Le journal Le Souverain Libre» a perdue… François-Jacques Cirume Lugerero, le Secrétaire de rédaction du Journal Le Souverain Libre…Un journaliste qui a passé toute sa carrière journalistique dans la presse écrite. Il a fait du journal Le Souverain Libre un des hebdomadaires du Sud-Kivu avec une bonne écriture et un bon style journalistique. La rédaction de ce journaliste était devenue un réflexe à telle enseigne qu’il ne pouvait même plus chercher des mots ou expressions pour clarifier et rendre l’article potable, il le concevait bien, et comme le disait Nicolas Boileau, «les mots pour le dire venaient aisément ». Mais comme la nature humaine est ce qu’elle est, François Cirume sera aussi enlevé au journal LSL. Il n’a pas été malade. Il s’est couché et il s’en est allé au courant du mois de janvier. Un coach et un plaisantin qui a fait plus du bon temps que de la pluie dans les couloirs du journal. Comme un coup de tonnerre, la presse écrite du Sud-Kivu s’est réveillée un jour de ce mois de janvier 2019, les pleurs aux joues : «l’enfant de Papa», comme l’appelait affectueusement son père et comme on savait le taquinait dans le bureau, avait quitté cette terre des hommes.
Malheureusement, la série ne s’est pas arrêtée là. Deux de moindre au Sud-Kivu ont également tiré leur révérence au courant
de ce mois de janvier 2019. Un mois des héros congolais, mais également, mois des sanglots pour les ‘‘chevaliers des micros et des
caméras’’. Deux responsables et hauts cadres de la Rtnc Bukavu ont été emportés par la maladie. Adolphe Fazili wa Lutala, responsable
du service commercial et marketing ainsi que Noël Bashige, Sous-Directeur de service des Informations de la Rtnc ont été tour
à tour enterrés aux cimetières de la Ruzizi. Notons que Noël Bashige était déjà devenu Directeur full de la Rtnc Maniema et séjournait
comme tel dans la ville de Kindu, avant que la maladie ne l’amène à Goma pour des soins et l’emporte du même coup.
En octobre 2018 donc, une femme chevronnée, l’unique qui dirigeait une presse écrite la plus régulièrement en province et la
plus incisive vis-à-vis des institutions nous a quittés au moment où la province avait encore besoin de sa plume. Une voix, parmi les
plus prépondérantes de la ville, s’est ainsi éteinte. En janvier 2019, quatre journalistes très connus s’en vont coup sur coup dans la
ville de Bukavu. C’est interpellant. Il y a donc un message transmis dans le monde de la presse. Des philosophes «bantouïstes»
devraient y trouver une interprétation, car cette succession de décès est loin d’être un fait bénin. Mais, nous pensons que le travail
de dénonciation effectué par la presse est loin de se terminer dans ce pays où tout est combine, cabbale, coups bas, peau de banane et
bâtons dans les roues, bref dans une société où les membres se comportent comme dans un panier à crabes, le travail de dénonciation
reste le plus grand défi pour la presse. Malgré les larmes, la lutte doit se poursuivre.

La Rédaction

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