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L’état d’urgence sanitaire change les rites funéraires dans la ville de Bukavu. Le corps va le plus souvent de morgues de quelques hôpitaux jusqu’au cimetière de Ruzizi, sans plus transiter à la résidence ou au lieu de travail du défunt pour les derniers hommages. Les cultes ou messes d’action de grâce sont remis aux calendes grecques de la fin de l’état d’urgence. Une ou deux dizaines de personnes assistent à l’inhumation. Les deuils se terminent le même jour. Les cérémonies d’intronisation traditionnelles ne sont plus organisées. Les mesures barrières contre la pandémie covid-19 simposent. Le nombre des morts connaît une hausse exponentielle !
Quelques familles ne l’entendent pas de cette oreille et mènent une politique d’autruche. Les hommages et souvenirs de chers êtres perdus surpassent l’éphémère maladie de coronavirus. Beaucoup foulent aux pieds les mesures sanitaires et gestes barrières que les autorités viennent de décréter. Les éplorés et leurs compatissants courent des gros risques.
Les attroupements de plus de 20 personnes sont interdits, selon l’arrêté du gouverneur de la province du Sud-Kivu sur les lieux publics en dehors des domiciles familiaux.
« Le gouverneur Théo Ngwabidje vient de parler des mesures barrières à une foule des motocyclistes de transport en commun le week-end dernier au rond point Major Vangu à Essence dans le commune d’Ibanda. Il était accompagné d’une forte délégation aux obsèques de feu le bourgmestre intérimaire de Bagira, Laban Kongakonga, l’autre semaine dans cette commune dite dortoir. Qui gardera le gardien. Qui contredira le décideur ?» se demande la militante du mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha), Judith Maroyi, énervée et exaspérée.
L’arrêté du gouverneur stipule aussi que les dépouilles mortelles seront conduites directement de l’hôpital ou de la morgue jusqu’au lieu d’inhumation et en nombre restreint d’accompagnateurs. Une autre mesure du chef de l’exécutif provincial instaure un couvre feu de 20 heures du soir à 5 heures du matin. « Les nantis soudoient les agents de l’ordre et les pauvres subissent sort de leurs poches trouées », affirme le membre d’une société civile, ironique sous le sceau de l’anonymat. Et l’histoire ressemble à la fable du pot de fer contre le pot de terre !

Egide Kitumaini

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