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Grâce à l’appui financier de Norwegian church aid (Nca), Le Souverain Libre organise des revues de presse participatives pour clarifier les valeurs et transformer les attitudes face aux violences basées sur genre dans le territoire de Kalehe. Les cas sont transversaux avec des spécificités selon les localités. Premières sorties dans la première quinzaine d’octobre 2020.

Cifunzi : la fille ne va pas à étudier

Cifunzi est une localité du territoire de Kalehe située à 65 kilomètres au nord-ouest de la ville de Bukavu, le chef-lieu de la province du Sud-Kivu. Juste un regroupement de plusieurs maisons autour d’un grand centre de santé perdu dans une savane semi boisée. Les jeunes filles et futures dames ne vont pas à l’école.  Elles vont  garder les ménages et les enfants de leurs futurs maris.

 « Les filles n’accèdent pas facilement aux mêmes opportunités que les hommes. Les familles privilégient les études des jeunes garçons. La gente féminine est destinée au mariage et à fabriquer les enfants. Les filles ne vont pas terminer leurs cursus scolaire », bonté », affirme révoltée, Ansima Chiza, suante de tous les pores et un lourd panier au dos.

La gente féminine résignée soutient que les congénères voudraient payer les études à leurs filles mais elles n’en ont pas les moyens. « Les hommes accomplissent des travaux rentables et paient les frais scolaires des enfants. Je cultive la terre et récolte les produits dans le champ. Il m’est difficile de rassembler assez d’argent  pour payer les études de mes filles.  Les récoltes sont vendues à des prix bas. Les commerçants de Bukavu ne viennent plus à Kalonge. L’état de la route est piteux », regrette, dépassée, une brave cultivatrice de Cifunzi.

A partir de la  loi-cadre 86-005 du 22 septembre 1986 sur l’enseignement national est né le slogan  « toutes les filles à l’école».

 Rambo : Aucun  centimètre carré de terre pour la femme

A environ 8 kilomètres de  Cifunzi dans l’ébauche de la forêt équatoriale,  à Rambo, les hommes héritent la terre mais pas les femmes.

Selon certains mâles, le garçon est privilégié du fait qu’il perpétue la lignée et garde l’identité de la famille. « Il doit bénéficier de tout le patrimoine, surtout la terre,  de son défunt père »,  martèle d’un ton magistral et imposant, un cultivateur  quadragénaire.  Ces contemporains insistent sur le fait que c’est le jeune homme rend  hommage aux ancêtres. « La fille doit aider sa mère à cultiver les champs et prendre bien soin de ses frères et sœurs », renchérit Mugisho Issa qui s’affiche comme conservateur des coutumes.

Certaines femmes du village reconnaissent que les filles peuvent ne pas hériter de la terre. « Les hommes ont raison et les femmes s’agitent pour rien. Si la mère meurt avant le père, la fille  hérite de tous les biens vestimentaires et ménagers  de sa défunte mère. Le garçon hérite de son père, surtout la terre »,  tente d’expliquer Joséphine  Karubandika, fort huée par ses paires. « Nous devons accepter ces traditions et de coutumes qui nous sont dictées et enseignées depuis des générations et notre tendre enfance. Je ne peux pas me plaindre », concède l’analphabète Elizabeth M’Murega qui est née et a grandi à Rambo.

D’autres dames, plus  instruites et ouvertes, dénoncent cependant le fait que les filles soient écartées de l’héritage,  surtout en ce qui concerne la terre. D’après elles, c’est une violence basée sur le genre.

« La loi donne la même chance d’égalité au garçon et à la fille lors de l’héritage. Le code de la famille ne les discrimine pas lors de l’héritage», clame une certaine  Aline, enseignante depuis plus de 30 ans et la cinquantaine d’âge révolue.  « L’héritage devrait s’effectuer  de manière équitable entre filles et garçons dans le village de Rambo. La femme a aussi droit à l’héritage de la terre », objecte vivement Bernadette Sifa, la coordonnatrice  d’une organisation non gouvernementale locale qui s’occupe de la paix et du développement.

« Que les animateurs des institutions de l’Etat fassent respecter  la loi lors de cérémonies traditionnelles de l’héritage. tient compte de tous les paramètres de la loi », conclut, péremptoire,  Shasha Rubenga, un activiste des droits humains.

Georges Ulysse Kitoka et Trésor Ilanga

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